INTERVIEW – Marie Brugnano, correspondante d’insertion pour le STEMO Est de Montpellier

Pouvez-vous nous raconter votre parcours ?

Éducatrice spécialisée depuis de nombreuses années, j’ai rejoint la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ) en 2000, en passant tout d’abord par l’hébergement. J’ai intégré en 2004 l’Unité Educative en Milieu Ouvert de Sète, où j’ai accompagné des jeunes pendant près de 20 ans. Depuis septembre 2024, j’occupe le poste de Correspondante d’Insertion pour le STEMO Est de Montpellier, un poste créé pour renforcer l’accompagnement des jeunes vers l’Insertion.

 

Le STEMO, c’est quoi ?

Le Service Territorial Éducatif de Milieu Ouvert (STEMO) est en charge de mettre en œuvre des mesures judiciaires à l’égard de jeunes (jusqu’à 21 ans) ayant fait l’objet d’une décision de l’autorité judiciaire compétente. L’ensemble des professionnels travaillent à l’accompagnement des mineurs et jeunes majeurs en danger et/ou en conflit avec la Loi.

Le STEMO de Montpellier est composé de deux unités éducatives : les UEMO (l’Unité Éducative Littoral et l’Unité Hortus) qui couvrent un large territoire, incluant plusieurs quartiers prioritaires (Alco-Malbosc-Petit-Bard, Grand Hôpitaux-Facultés, Boutonnet- Beaux-arts, Grand Millénaire, Cévennes-Celleneuve, Haut de Massane, Grand Martelle, Grand Ecusson, Gambetta-Figuerolles-Gares), l’agglomération de Lunel, le littoral de Palavas-les-Flots à La Grande-Motte et le Nord du département jusqu’à Ganges.

Les professionnels interviennent directement auprès des jeunes et de leur famille, soit en les recevant au sein des Unités, soit en allant les rencontrer à domicile ou dans des lieux tiers. Pour assurer un accompagnement adapté, les éducateurs se déplacent régulièrement afin de connaître et faire le lien avec l’ensemble des structures et des dispositifs du territoire, pouvant soutenir les jeunes dans leur parcours, comme le GEIQ BTP Hérault.

L’objectif est d’apporter une prise en charge globale qui ne se limite pas à la question du rapport à la loi, mais englobe aussi la santé, la scolarité, l’insertion professionnelle, les relations familiales et l’ouverture au monde. La PJJ a trois missions essentielles : protéger, éduquer et insérer. Elle met en place des actions pour répondre à ces enjeux.

Si la plupart des jeunes suivis vivent encore au sein de leur famille, d’autres sont placés en foyer sous la responsabilité de la PJJ ou de l’Aide Sociale à l’Enfance. Certains peuvent également être en détention, mais continuent à bénéficier d’un accompagnement éducatif visant leur réinsertion et leur stabilité future.

 

Quels dispositifs le STEMO met en place pour remplir sa mission ?

Le STEMO s’appuie sur une équipe pluridisciplinaire composée d’éducateurs, de psychologues, d’assistantes de service sociale, d’une correspondante insertion (Une psychiatre intervient également ponctuellement), ce qui nous permet d’apporter un accompagnement global aux jeunes. Nous travaillons aussi en lien avec d’autres structures de la PJJ, comme :

  • L’Unité d’Hébergement Collectif et Diversifié,
  • Deux Unités Éducatives d’Activité de Jour dédiées à l’insertion, l’une située rue Craponne et l’autre à Château d’Ô.

L’UEAJ Craponne accueille, par exemple, une Classe Relais PJJ, composée d’un enseignant de l’Éducation nationale et d’un éducateur de la PJJ, pour aider les jeunes de moins de 16 ans à raccrocher avec l’école, les apprentissages et pouvoir retourner vers la continuité d’une scolarité ou travailler une orientation professionnelle. D’autres éducateurs et professeurs techniques accompagnent des jeunes de plus de 16 ans, éloignés des dispositifs de droit commun, en utilisant des approches adaptées à leurs besoins et différents médias : activités créatives, sportives, culturelles…

Il existe ainsi un atelier radio permettant aux jeunes d’apprendre à s’exprimer et à structurer leurs pensées, de construire un projet, d’acquérir des compétences, d’aller vers… ; mais aussi un atelier autour de la cuisine avec un food-truck, ainsi qu’une auto-école adaptée sur l’UEAJ Château d’O, pour aider ces jeunes à acquérir des compétences et de l’autonomie.

 

Comment décririez-vous les jeunes que vous accompagnez ?

Il n’y a pas de profil type : certains viennent de familles en grande difficulté, d’autres évoluent dans un environnement plus serein. Certains poursuivent des études, d’autres décrochent très tôt. Chaque histoire est unique, et notre rôle est d’adapter l’accompagnement à leurs besoins dans le cadre judiciaire qui est le nôtre, leur redonner confiance en eux, aux adultes et/ou aux institutions.

 

Comment le STEMO et le GEIQ BTP Hérault peuvent être partenaires pour l’insertion durable ?

En tant que Correspondante Insertion, je cherche à développer des partenariats avec les acteurs de l’emploi et de la formation, afin d’ouvrir de nouvelles perspectives aux jeunes que nous accompagnons. J’ai contacté le GEIQ BTP Hérault car de nombreux jeunes suivis par la PJJ sont attirés par les métiers du bâtiment, mais ils méconnaissent les opportunités offertes par ce secteur.

L’idée est de leur permettre de découvrir ces métiers, de rencontrer des professionnels et de se projeter dans un avenir. Souvent, on pense uniquement aux postes de maçon, d’électricien ou de plombier, alors que le BTP propose une grande diversité de métiers et de parcours.

Je crois profondément que l’insertion peut prendre différents chemins, cela peut passer par le travail, la formation, mais aussi le sport, la culture… ou toute activité qui donne du sens, du plaisir, et qui permet à chacun de trouver une place dans la société.

Lorsque nous suscitons des rencontres entre jeunes et professionnels, nous ouvrons le champ des possibles, nous créons des opportunités et parfois de véritables réussites !